Le concept d’écosystème, initialement introduit en écologie, est ici utilisé comme une métaphore pour analyser les dynamiques complexes entre les écoles d’ingénieurs et leurs parties prenantes. Les écoles d'ingénieurs agronomiques publiques ont adopté l'approche par compétences (APC) avec des trajectoires adaptées à leurs contextes mais influencées par des attentes communes (tutelles, monde professionnel, étudiants). Tout en conservant leurs singularités, elles forment un écosystème diversifié et interconnecté dans un contexte d’évolution permanente des rapports aux savoirs, aux outils et aux interactions humaines.

L’analyse des dynamiques d’interrelations au sein de cet écosystème a souligné le rôle prépondérant de l’instauration de communautés de pratique afin de soutenir la transformation des cursus de formation selon une APC. En effet, le projet HERCULE 4.0 visant à promouvoir l'utilisation du numérique dans l'enseignement supérieur a servi de catalyseur à la formation de communautés de pratique diverses et a notamment joué un rôle clé dans l'accélération du partage d'expériences et la construction d'une identité commune autour de l'APC. L'exemple du développement du portfolio numérique de compétences illustre comment les interactions entre les acteurs du projet ont favorisé une ingénierie collaborative. Cependant, la question de la pérennité de ces interrelations constitue un défi majeur pour soutenir l'évolution continue des formations face aux défis sociétaux et environnementaux.

L'article présente les spécificités et un retour d’expérience de l'accompagnement pédagogique du nouveau Master en Science de la Durabilité de l’ENS-PSL. Ce master, conçu pour former à répondre aux crises écologiques et sociales, intègre des acteurs académiques et non-académiques. Il s’articule autour de projets collectifs transdisciplinaires et le M2 a fait l’objet d’un accompagnement en approche par compétences (APC). L’accompagnement pédagogique a participé à structurer le programme en identifiant les compétences clés et en élaborant un référentiel, tout en adaptant l’APC aux spécificités de cette formation innovante. L’initiative illustre comment l’APC peut soutenir la construction de programmes transdisciplinaires tout en favorisant une dynamique collaborative au sein des équipes pédagogiques.

Dans cette communication, la méthode de construction collégiale d’un référentiel de compétences ainsi que l’amorce de son déploiement dans une école d’ingénieur française sont décrits par l’équipe-projet, formée par des enseignant·es et enseignant·es-chercheur·es de l’école, et des chercheurs en sciences de l’éducation. Le propos est centré sur les modalités d’interactions mises en oeuvre à l’attention des différents membres de l’écosystème de formation : l’équipe-projet, les équipes enseignantes, les étudiant·es, les partenaires professionnels et académiques, les expert·es en sciences de l’éducation. Les modalités variées mises en place ont permis de disposer d’un référentiel de compétences et des grilles d’évaluation des niveaux de compétences opérationnelles, en cours de déploiement sur l’ensemble de la formation.