Ce retour d’expérience met en lumière la transformation des pratiques pédagogiques à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) par le biais de la convergence de projets stratégiques tels que les programmes SPACE et IREKIA. Fondées sur une méthodologie collaborative et un décloisonnement institutionnel, ces initiatives ont renforcé les liens entre formation académique et besoins socio-économiques tout en promouvant l’innovation pédagogique. La mise en place de dispositifs tels que les FabLabs et l'Appel à Manifestation d’Intérêts (AMI) "Qualité et Initiatives Pédagogiques" a favorisé une co-construction active entre enseignants, étudiants et partenaires externes, intégrant pleinement l’apprentissage par projet dans l’écosystème éducatif. Par ailleurs, la création de la Direction de l’Accompagnement à la Pédagogie (DAP) a permis d’ancrer durablement ces innovations dans l’institution, garantissant leur pérennité et leur diffusion. Néanmoins, pour inscrire ces avancées dans une stratégie pérenne, l’UPPA devra relever des défis tels que la mobilisation des ressources, la coordination des acteurs et l’institutionnalisation des approches innovantes, tout en intégrant les valeurs de réactivité, de confiance et de pertinence au cœur de ses orientations stratégiques.

Afin de garantir la pérennité de ces avancées, il sera essentiel de surmonter des défis tels que l’optimisation des ressources, la coordination des parties prenantes et l’intégration durable des approches innovantes, tout en ancrant les valeurs fondamentales de réactivité, de confiance et de pertinence dans les orientations stratégiques.

Les transformations de l'enseignement supérieur depuis la fin du XXe siècle ont soulevé des questions essentielles pour les enseignants sur le sens de leur métier et leur identité professionnelle. Ces interrogations, ancrées dans les valeurs, les postures et les pouvoirs d'action, reflètent des tensions internes et externes, et des contradictions. Ces tensions et contradictions amènent souvent les enseignants à osciller entre engagement et évitement face aux transformations pédagogiques.

Cette proposition, en prenant appui sur une revue de littérature récente analyse comment la prise en compte de l'agentivité, ou la capacité d'influencer son propre fonctionnement et les événements, peut rendre ces transformations durables. Cette analyse rappelle la dimension systémique des transformations des pratiques pédagogiques en considérant les niveaux micro des acteurs, meso des collectifs et macro de l’institution. Chacun de ces niveaux est abordé pour expliciter les dimensions qui leur sont propres. Elle souligne la complexité du développement des pratiques professionnelles, marquées par des contradictions et des tensions et identifie quatre composantes d’une dynamique transformatrice : le soi professionnel, la collaboration, le mouvement et la légitimation. Les propos des auteurs·trices mobilisé·e·s rappellent l’ancrage de cette transformation dans une zone de développement professionnel individuelle, collective et institutionnelle et une zone d’acceptabilité. In fine, cette revue de littérature confirme que la motivation interne des personnes enseignantes ne peut suffire à une transformation durable des pratiques tant ces dernières sont régies par un ensemble de règles, de normes et de schèmes d’action culturellement ancrés dans les imaginaires individuels et collectives, et dans les cultures professionnelles.

Cette communication présente les premiers résultats d’une recherche doctorale menée auprès d’enseignants-chercheurs, porteurs de projet de transformation pédagogique. Pour améliorer la réussite étudiante ou encore pour une plus grande flexibilisation des parcours de formation, ces derniers années les établissements de l’enseignement supérieur ont été incités par un système d’appels à projet nationaux à s’engager dans une transformation pédagogique en développant de nouvelles approches pédagogiques (pédagogie inversée, par projet, par le faire…) et par l’usage d’outils numériques. Des appels à manifestation d’intérêts sont lancés en interne des établissements auxquels les enseignants, individuellement ou en équipe, répondent. Nous cherchons à décrire les projets et leurs évolutions sur plusieurs années et à comprendre les changements qui s’opèrent dans l’activité de l’enseignant-chercheur, porteur d’un projet de transformation pédagogique. Nous présentons une étude longitudinale sur cinq années qui repose sur trois entretiens réalisés entre 2018 et 2023 auprès de sept porteurs de projet enseignants universitaires de différentes disciplines. La théorie de l'activité culturelle et historique (Engeström, 1987) est mobilisée pour étudier le système d'activité d’enseignants-chercheurs porteurs de projet de transformation pédagogique. Les résultats présentent le rôle de l’enseignant porteur de projet dans le développement d’une nouvelle activité et les effets sur les étudiants et les collègues qu’il mobilise.