Les changements mondiaux et locaux que nous vivons dans les domaines sociétaux mais également écologiques et environnementaux, nous amènent en tant qu’enseignants et structure d’enseignement supérieur à nous interroger sur la direction que nous prenons et la façon dont nous y contribuons. L’ENGEES en tant qu’école d’ingénieurs en eau et environnement prend toute la mesure de son action dans la formation des futurs professionnels qui agiront au bénéfice de la planète et de ses population en faisant un pas de coté sur ses pratiques et leurs effets. Dans un souci d’alignement, et avec l’investissement des enseignants et le soutien actif des étudiants, l’école s’est lancée dans la transformation de son offre de formation pour porter une cohérence entre son objet d’enseignement et les méthodes pédagogiques en développant et défendant le passage à une offre de formation systémique basée sur le principe du vivant.

Depuis plusieurs années, un voilier autonome de 2 mètres occupe une place centrale au fablab de l’ENIB. Au départ simple projet expérimental porté par un enseignant de mécatronique, ce bateau est devenu emblématique des nouveaux projets de dernière année, rebaptisés Projets Eco-Responsables (PER). A travers de nouvelles coopérations extérieures et internes, ce projet a fait évoluer son cahier des charges pour le développement d’un voilier « écoresponsable » et a permis grâce à l’articulation étroite avec le module « Enjeux et Responsabilités de l’Ingénieur » de demander aux étudiants une réelle réflexion éthique et écoresponsable quant à leur développement technique.

Nous verrons au travers de cet exemple comment l’ENIB s’est engagée dans une profonde réforme pédagogique, qui vise à étendre les caractéristiques de ce projet final à l’ensemble du programme : à faire de l’ingénierie de la transition un fil rouge crucial tout au long du cursus étudiant dans le domaine généraliste du génie système, avec pour ambition de former des professionnels compétents dans un contexte de post-croissance. Quels types de coopérations ont été activés pour enclencher cette réforme ? Quelles sont les prochaines étapes de ce chantier ? Quelles bonnes pratiques pourrait-on en tirer pour toute structure soucieuse d’enseigner les transitions en Anthropocène ?

Face au changement climatique et aux problèmes de pollutions, les besoins des apprenants évoluent, et ils sont particulièrement sensibles à l’écologisation des pratiques et aux projets de sciences avec et pour la société. Certains enseignants-chercheurs adoptent une posture hybride en enseignement et/ou recherche et s’investissent dans des projets avec des acteurs non académiques. Cette communication présente un retour d’expérience concernant un module d’ouverture « Sciences & Société » pour la gestion interdisciplinaire des sujets complexes santé-environnement, qui a été réalisé depuis 7 ans auprès d’apprenants doctorants et M2 de l’Université de Toulouse. L’intention pédagogique est de sensibiliser les apprenants à la réflexivité sur la méthode scientifique et à appréhender la complémentarité des sciences « dures » et des sciences humaines et sociales en particulier sur des sujets socialement vifs : risques santé-environnement. Le module est jugé très stimulant par les apprenants et leur ouvre des perspectives en termes de sciences avec et pour la société.