Conference Agenda

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Session Overview
Session
Parallel Session 05-B
Time:
Tuesday, 07/Nov/2023:
1:30pm - 3:00pm

Session Chair: Martina Drescher
Location: Amphimax Building, room 414
Streaming

https://planete.unil.ch/?salle=MAX-414

Presentations
1:30pm - 2:00pm

Les marqueurs épistémiques et évidentiels du français-en-interaction : considérations théoriques et méthodologiques exemplifiées par une étude de cas consacrée aux verbes et adverbes d’apparence

Jérôme Jacquin

University of Lausanne, Switzerland

Le but principal de cette contribution est de présenter les choix théoriques et méthodologiques d’un projet de recherche de 4 ans, arrivant prochainement à son terme et dont l’objectif est l’étude des marqueurs épistémiques et évidentiels du français tels qu’ils émergent d’un corpus de 28h de données interactionnelles vidéo-enregistrées documentant des débats publics, des débats télévisés et des réunions d’entreprise. En adoptant une perspective sémasiologique et une combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives inspirées par la pragmatique de corpus (e.g. Aijmer 2018; Aijmer and Rühlemann 2014), 4000 tokens ont été annotés aux niveaux morphosyntaxique, interactionnel et multimodal. La robustesse de l’annotation repose sur un guide d’annotation de 50 pages en libre accès (https://zenodo.org/record/7266737), qui explique et exemplifie la procédure et qui a subi différents tests d’accord interannotateurs de manière à atteindre progressivement des scores d’accord allant de « substantiel » à « presque parfait » pour l’ensemble des variables (Cohen 1960; Landis and Koch 1977).

La contribution compte aborder 4 questions spécifiques : (i) l’articulation, au sein du projet de recherche, entre l’épistémique et l’évidentiel dans le domaine sémantique de l’épistémicité (Boye 2012; Stivers et al. 2011) ; (ii) l’élaboration de la liste des lemmes épistémiques et évidentiels retenus ; (iii) l’annotation de facteurs interactionnels tels que la position du marqueur au sein de l’unité de construction du tour, du tour de parole et de la séquence d’actions ; (iv) l’annotation de la multimodalité, en particulier la direction du regard et les gestes cooccurrents.

Chaque question sera exemplifiée au travers d’une étude de cas consacrée à une collection de verbes (et adverbes dans une moindre mesure) d’apparence. Si ces unités ont été largement étudiées en linguistique française, cela a surtout été le cas dans une perspective morphosyntaxique, sémantique ou énonciative et en mobilisant pour l’essentiel des exemples inventés ou fortement décontextualisés (e.g. Bourdin 1986; Nølke 1994; Popârlan 2000; Thuillier 2004; Willems 2011). Ces travaux n’adoptent pas d’approche(s) basée(s) sur corpus et n’abordent pas ces unités en tant que ressources situées (à l’exception, dans une certaine mesure, des travaux de Willems and Blanche-Benveniste 2008, 2014 consacrés aux verbes à rection faible et à leur potentielle fonction de “mitigation”; Caffi 1999).

La présente contribution est complétée par les deux autres conférences qui suivent au sein de la session 05-B et qui sont prises en charge par les deux doctorantes travaillant dans le cadre du projet de recherche collectif. Tandis qu’une thèse se consacre au volet de l’évidentialité (Robin, en préparation), l’autre traite de la modalité épistémique (Keck, en préparation).



2:00pm - 2:30pm

Une étude systématique de la modalité épistémique en français-en-interaction. Quels modes d’expression pour quelle certitude ?

Ana Claudia Keck

Université de Lausanne, Switzerland

« on s` verra (.) probablement pas », « j` suis pas sûr que ce soit le vrai problème », « ah je sais pas avec quoi ils ont commercialisé » présentent des marqueurs considérés comme épistémiques et qui marquent avant tout un certain degré de certitude du locuteur ou de la locutrice vis-à-vis d’un contenu propositionnel. Les exemples cités ont été tirés d’un corpus composé de 28h de débats politiques et de réunions professionnelles vidéo-enregistrées pour un projet de recherche en cours qui propose une étude systématique des marqueurs épistémiques et évidentiels du français dans une approche énonciative, interactionnelle et multimodale. La présente contribution a pour objectif de présenter les résultats généraux de ma recherche doctorale sur les marqueurs épistémiques du français et cherche ainsi (i) à proposer un modèle d’analyse pour la modalité épistémique en français-en-interaction, (ii) à présenter une vue d’ensemble des marqueurs épistémiques tels qu’ils émergent dans le corpus d’interactions spontanées et (iii) à combiner les résultats quantitatifs avec l’analyse qualitative du positionnement épistémique (Heritage 2012) des locuteurs et des locutrices.

Si la modalité épistémique a été amplement étudiée sous de multiples aspects formels (Gosselin 2010), elle a été toutefois peu exploitée sur des données d’interactions spontanées. En effet, les études sur les marqueurs de la modalité épistémique en français se concentrent seulement sur quelques expressions particulières (Pekarek 2016, 2019, 2022 ; Willems & Blanche-Benveniste 2008, Jacquin 2017, Jacquin et al. 2022). Une analyse sur l’ensemble de ces expressions dans un corpus d’interactions orales s’avère donc judicieuse pour comprendre quels sont les marqueurs épistémiques du français et de quelle manière le degré de certitude est mobilisé par le locuteur ou la locutrice dans l’interaction. Cette étude propose ainsi un panorama d’un échantillon composé d’environ 2'000 tokens sur les 5'000 marqueurs épistémiques présents dans notre corpus de données naturelles. Cet échantillon comprend environ 51% de verbes épistémiques (je sais, je crois, j’imagine, etc.), 33% de adverbes épistémiques (probablement, certainement, peut-être, etc.) et 15% relèvent de constructions verbales avec un nom ou un adjectif épistémique (je suis sûr, il est possible, il est clair, etc.). La contribution se concentrera sur deux aspects en particulier, à savoir, le traitement du degré de certitude sur des données massives et les aspects généraux de trois degrés de certitude (le savoir, le doute et le non-savoir).



2:30pm - 3:00pm

« Ouais c'est ce qu'il a dit hier » : distribution et fonctions des marqueurs évidentiels en français-en-interaction

Clotilde Marie Robin

Université de Lausanne

La présente communication se concentre sur les formes, les fonctions et la distribution d’environ 2000 marqueurs évidentiels (i.e. relatifs au marquage de la source du savoir) du français, tels qu’ils émergent dans un corpus de 28h de données naturelles suisses romandes vidéo-enregistrées, documentant deux genres « institutionnels » (Drew & Heritage, 1992) : (i) des débats publics et télévisés (14h ; 2007-2013) abordant divers sujets politiques ; et (ii) des réunions de travail (14h ; 2017-2018).

Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant d’études se sont concentrées sur les fonctions et les effets pragmatiques des marqueurs évidentiels dans l’interaction (e.a. Michael & Nuckolls, 2014 ; Cornillie & Gras, 2020). Au-delà du simple fait d’indiquer explicitement la source de l’information véhiculée dans un énoncé, il a été montré que les marqueurs évidentiels constituent des ressources pour asseoir/moduler la position épistémique des locuteurs (González et al., 2017 ;Grzech et al., 2020). Concernant le français, les marqueurs évidentiels ont été principalement étudiés dans une perspective sémantique et/ou syntaxique, en s’appuyant sur des exemples inventés et/ou décontextualisés. Deux exceptions notables sont les études de Jacquin (2022) sur les marqueurs « tu dis/vous dites » et de Jacquin et al. (2022) sur les verbes d’apparence dans des données naturelles.

Dans le prolongement de ces études, nous proposons une étude quantitative et qualitative de ces marqueurs en contexte. Au total, 1773 tokens évidentiels (correspondant à 114 lemmes) ont été identifiés et annotés (réalisation morphosyntaxique et énonciative, environnement interactionnel/séquentiel et discursif, multimodalité). Les observations quantitatives préliminaires montrent que ces tokens sont plus fréquents dans les débats télévisés (111,4 tokens/heure) que dans les débats publics (55 tokens/heure) et les réunions de travail (51,5 tokens/heure). Dans les trois genres institutionnels, les deux lemmes les plus utilisés sont les verbes « dire » (n=750/1773) et « voir » (n=281/1773). La nette propension à l’emploi du verbe « dire » participe, de manière globale, à un recours massif à la catégorie de l’emprunt pour marquer la source de l’information (64,9%, n=1151/1773), les catégories évidentielles de l’inférence et de la perception relevant d’un usage plus ponctuel.

Sur le plan qualitatif, nous analyserons comment ces marqueurs évidentiels contribuent à la construction interactionnelle de « positions épistémiques » particulières (K+/K-, Heritage & Raymond, 2005 ; Heritage, 2012).

Sur le plan qualitatif, nous analyserons comment ces marqueurs évidentiels contribuent à la construction interactionnelle de « positions épistémiques » particulières (K+/K-, Heritage & Raymond, 2005 ; Heritage, 2012). Ainsi, par l’analyse séquentielle d’une collection d’extraits tirés de notre corpus, nous évaluerons le rôle que peuvent revêtir les marqueurs évidentiels dans l’organisation du savoir-en-interaction.