Conference Agenda

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Session Overview
Location: Amphimax Building, room 414
https://planete.unil.ch/?salle=MAX-414
Date: Monday, 06/Nov/2023
11:30am - 12:30pmParallel Session 01-B
Location: Amphimax Building, room 414
Streaming
Session Chair: Anne Grobet
 
11:30am - 12:00pm

La mise en circulation de savoirs sur l’interaction : le cas des signaux d’écoute et autres régulateurs verbaux dans les data sessions en formation professionnelle continue

Laurent Filliettaz, Cecilia Mornata, Claudio Loureiro Pinto

Université de Genève, Switzerland

Depuis une dizaine d’années environ, se sont développées, dans le champ de la formation des adultes, des démarches de formation professionnelle, inspirées des principes de l’analyse de la parole-en-interaction, et qui placent au centre de l’attention le travail en tant qu’accomplissement collectif (Filliettaz et al., 2021). Exploitant la pratique analytique de la « data session » (Stevanovic & Weiste, 2017), ces méthodes permettent de développer chez les professionnels en formation une posture analytique descriptive, non jugeante, à même de cerner les composantes collectives et intersubjectives liées à l’accomplissement du travail.

L’objectif de cette communication est d’étudier comment la mise en œuvre de ce dispositif est susceptible de développer chez les participants des savoirs portant sur l’organisation de l’interaction et par quelles « méthodes », elles-mêmes accomplies au sein de la parole-en-interaction, ces savoirs sont susceptibles d’être mis en circulation.

Pour mener à bien cet objectif, nous nous proposons d’examiner comment ce dispositif de formation par l’analyse des interactions a été mis en œuvre dans un contexte particulier, celui de la formation continue d’éducateurs spécialisés actifs dans le champ du handicap. A partir d’une démarche inspirée à la fois de la sociologie des sciences (Knorr Cetina, 1999), de la sémiotique multimodale (Kress et al., 2001) et des théories épistémiques en analyse conversationnelle (Heritage, 2012), notre communication se propose d’exploiter un corpus d’enregistrements audio-vidéo de data-sessions en formation professionnelle, dans lequel des éducateurs spécialisés actifs dans le domaine de l’autisme apprennent à observer et analyser leur travail d’accompagnement.

A partir d’une analyse des traces enregistrées de séquences de co-analyse, nous nous appliquerons à montrer comment le dispositif de l’analyse collective des interactions permet aux participants de s’orienter vers la part interactionnelle de leur travail d’accompagnement. En particulier, nous nous centrerons sur le repérage par les participants d’une compétence interactionnelle spécifique consistant à endosser dans les entretiens d’accompagnement une posture active d’écoute. A partir du repérage des « mhmm » ou des « ouais » qui ponctuent régulièrement le discours des accompagnants, le groupe s’oriente progressivement vers la description de ces « petits mots qui valident », et s’engage collectivement dans un processus dynamique d’enquête portant sur les formats et les fonctions des régulateurs verbaux (Laforest, 1993). Ce phénomène local illustre, de manière plus générale, la capacité des participants à des data-sessions en formation professionnelle à élargir le répertoire de savoirs mobilisés dans la conduite des activités de travail.



12:00pm - 12:30pm

Enjeux épistémiques dans l’usage de la transcription comme outil de formation : le cas des data-sessions avec des éducatrices de la petite enfance

Anna Claudia Ticca, Laurent Filliettaz, Marianne Zogmal

Université de Genève, Switzerland

Depuis une dizaine d’années environ, se sont développées dans le champ de la formation des adultes des démarches de formation professionnelle, inspirées des principes de l’analyse de la parole-en-interaction, et qui placent au centre de l’attention le travail en tant qu’accomplissement collectif (Filliettaz et al., 2021). Exploitant la pratique analytique de la « data session » (Stevanovic & Weiste, 2017), ces méthodes permettent de développer chez les professionnels en formation une posture analytique descriptive, non jugeante, à même de cerner les composantes collectives et intersubjectives liées à l’accomplissement du travail.

L’objectif de cette communication est de porter une attention particulière à la manière dont la transcription des données analysées par les groupes en situation de co-analyse est utilisée par les participant-es. En tant que production épistémique et multimodale, la transcription est susceptible de jouer un rôle déterminant dans la mise en visibilité des savoirs convoqués dans la situation d’analyse (Goodwin, 2000). Observer la transcription en tant qu’objet sémiotique et épistémique représente ainsi un moyen inédit d’accéder aux différents types de savoirs qui se développent et s’imbriquent lors des séances de formation (ten Have, 2002).

A partir de ce postulat, les questions posées sont les suivantes. Comment les participants en formation s’orientent-ils vers l’objet transcription dans les sessions d’analyse de données audio-vidéo ? En quoi la nature multimodale de la transcription en tant que production sémiotique agit-elle comme une ressource dans la pratique analytique du groupe ? Et quelles actions elles-mêmes multimodales permettent aux participants de faire usage des transcriptions dans les pratiques épistémiques en cours d’accomplissement dans les data- sessions en formation ?

A partir d’une démarche inspirée à la fois de la sociologie des sciences (Knorr Cetina, 1999), de la sémiotique multimodale (Kress et al., 2001) et des théories épistémiques en analyse conversationnelle (Heritage, 2012), notre communication se propose d’exploiter un corpus d’enregistrements audio-vidéo de data-sessions en formation professionnelle, dans lequel des éducatrices de la petite enfance apprennent à animer des séances d’analyse de leur travail en groupes. A partir du repérage des actions typiquement accomplies par les participantes au moment où elles font référence à la transcription (ex. (contre)argumenter un point de vue, réorienter l’analyse, promouvoir une transition topicale, etc.), il s’agira de mieux comprendre comment les usages épistémiques de la transcription agissent à la fois sur les rôles interactionnels endossés par les participants et sur les domaines de connaissances qu’ils convoquent dans la démarche d’analyse collective.

 
2:00pm - 3:30pmParallel Session 02-B
Location: Amphimax Building, room 414
Streaming
Session Chair: Laurent Filliettaz
 
2:00pm - 2:30pm

Turbulences dans le cadre épistémique des interactions en classe

Anne Grobet

Université de Genève, Switzerland



2:30pm - 3:00pm

« But I know » : la manifestation de l’épistémicité en situation de travail-formation exolingue, une analyse interactionnelle de la dyade maître-apprentie dans une perspective multimodale et longitudinale

Clotilde George

ATILF, Université de Lorraine



3:00pm - 3:30pm

(A)symétries épistémiques et insertion socio-professionnelle d’adultes vivant avec des troubles psychiques : le cas de l’évaluation comme accomplissement interactionnel

Ayla Bimonte

Université de Genève, Switzerland

 
4:00pm - 5:00pmParallel Session 03-B
Location: Amphimax Building, room 414
Streaming
Session Chair: Anne-Sylvie Horlacher
 
4:00pm - 4:30pm

Assentiment et priorité épistémique: je ne te le fais pas dire et son évolution en français

Amalia Rodriguez-Somolinos

Universidad Complutense de Madrid, Spain



4:30pm - 5:00pm

Marqueurs de non-savoir dans l'interaction : une étude comparative du français, de l'espagnol, de l'italien et du portugais

Gerda Haßler

Universität Potsdam, Germany

 

Date: Tuesday, 07/Nov/2023
10:30am - 12:00pmParallel Session 04-B
Location: Amphimax Building, room 414
Streaming
Session Chair: Marianne Zogmal
 
10:30am - 11:00am

Trajectoire acquisitionnelle de tu sais par des apprenants de français L2

Tiziana Kowalczuk, Melissa Juillet

Université de Neuchâtel, Switzerland

L’utilisation de la particule tu sais en tant que marqueur discursif a largement été documentée en L1 (Andersen, 1997 ; Détrie, 2012), attestant de son emploi interactionnel, sans complément. Dans ce papier, l’objectif est d’observer si ce processus de pragmaticalisation apparaît également dans l’acquisition du français langue seconde (L2).

Grâce à un corpus longitudinal d’interactions d’apprenant-e-s du français L2, notre objectif est de ‘tracker’ l’émergence et le développement de cette particule au fil du temps, en utilisant principalement l’analyse conversationnelle longitudinale (Deppermann & Pekarek Doehler, 2021). Kowalczuk (2022) a proposé une recherche préliminaire sur un groupe d’apprenants du français L2 avancés (B2) : elle a mis en lumière l’utilisation de ‘tu sais’ en tant que marqueur discursif, fonctionnant comme signal d’ouverture, appui à l’introduction d’un nouveau topic de discussion, ou encore permettant une recherche d’approbation discursive entre interlocuteurs. Cependant, ce corpus d’apprenant-e-s avancé-e-s n’a pas permis de proposer des résultats longitudinaux significatifs. Notre but est de mettre en évidence le développement des emplois par des apprenant-e-s moins avancés (A2) afin de mieux comprendre les trajectoires d’acquisition d’une langue seconde et illustrer la nature polyfonctionnelle du marqueur épistémique.

L’aspect original de cette recherche est de combiner l’analyse conversationnelle à des outils quantitatifs, en proposant des résultats chiffrés permettant de soutenir la thèse d’une évolution longitudinale de la compétence des apprenant-e-s. Des analyses préliminaires offrent des perspectives encourageantes quant à l’évolution fonctionnelle et séquentielle de ‘tu sais’. Au début du processus d’acquisition, le logiciel indique que la construction est exclusivement employée avec un complément, puis au fil du temps on remarque que ‘tu sais’ est utilisé sans complément, en début ou en fin de tour, indiquant probablement un usage discursif. De cette manière, la valeur épistémique contenu dans la construction varie drastiquement selon le contexte énonciatif.

Andersen, H. L. (1997). Les propositions parenthétiques en français parlé. Thèse non publiée. Université de Copenhague.

Deppermann, A., & Pekarek Doehler, S. (2021). Longitudinal conversation analysis - Introduction to the special issue. Research on Language and Social Interaction, 54(2), 127–141. https://doi.org/10.1080/08351813.2021.1899707

Détrie, C. (2012). Le rôle de la spectacularisation du savoir dans l’interlocution : Les contours interpersonnels et les types d’intersubjectivité engagés par la particule tu sais / vous savez. In C. Douay & D. Roulland (eds.), L’interlocution comme paramètre (pp. 111-128).

Kowalczuk, T. (2022). Étude longitudinale sur l’emploi de la particule tu sais en français L2 Mémoire de master (non publié), Université de Neuchâtel



11:00am - 11:30am

La négociation des savoirs hétéro- et orthodoxes: Marquage épistémique des rumeurs dans le discours sur Covid-19 au Cameroun

Martina Drescher

Universität Bayreuth, Germany

Ma communication vise à explorer la négociation des savoirs hétéro- et orthodoxes dans le discours sur Covid-19 en se basant sur des interviews conduites en 2020 avec une centaine de Camerounais.es qui racontent leur expérience de la pandémie. Des rumeurs, c'est-à-dire des savoirs contestés ou hétérodoxes, relatifs à l'origine du coronavirus y jouent un rôle primordial (Drescher 2023). Partant de l'hypothèse que les rumeurs constituent une catégorie de forme spécifique du savoir social (Anton 2011), je présume que les interactants signalent leur statut particulier. En contrastant rumeur et commérage, Fine (1985, 230s.) avait déjà noté que les deux sont souvent introduits par un cadrage textuel qui atténue leur crédibilité et permet au locuteur de s'en distancier. Dans les extraits d'interviews analysés ici, les interactants rapportent des rumeurs en les balisant à l'aide de marqueurs évidentiels qui indiquent leur origine et mode de transmission par ouï-dire (Dendale/Tasmowski 2001; Haßler 2015). S'inspirant de la pragmatique variationnelle et de l'analyse interactionnelle, cette étude prend comme point de départ le marquage évidentiel grâce auquel les interactants catégorisent un savoir comme rumeur (on dit, les gens ont dit, certains/beaucoup de gens disent, on a entendu, il y a les gens qui disent, on parle que, les rumeurs ont couru, il paraît que, soi-disant, ce qu'on est en train de dire partout là, la rumeur qui court sur le net, etc.). L'évocation d'une rumeur est régulièrement suivie d'une évaluation de sa crédibilité à l'aide de différentes pratiques épistémiques, notamment des positionnements aléthiques, qui seront également examinées ici. En accordant une attention particulière à la variation diatopique de l'évidentialité, encore peu étudiée, la présente étude contribue notamment à l'axe de recherche 3 "Épistémicité et variation".

Anton, A. (2011): Unwirkliche Wirklichkeiten. Zur Wissenssoziologie von Verschwörungstheorien. Berlin.

Dendale, P. / Tasmowski, L. (2001): Introduction: Evidentiality and related notions. Journal of Pragmatics 33, 339-348.

Drescher, M. (2023): Covid-19 related rumors and conspiracy theories. A case study from Cameroon. In: Butter, M. / Knight, P. (eds) Covid Conspiracy Theories in Global Perspective. London, 99-113.

Fine, G. A. (1985): Rumors and Gossiping. In: van Dijk, T. A. (ed.) Handbook of Discourse Analysis. Vol. 3 Discourse and Dialogue. London, 223-237.

Haßler, G. (2015): Evidentiality and the expression of speaker’s stance in Romance languages and German. Discourse Studies 17/2, 182–209.

 
1:30pm - 3:00pmParallel Session 05-B
Location: Amphimax Building, room 414
Streaming
Session Chair: Martina Drescher
 
1:30pm - 2:00pm

Les marqueurs épistémiques et évidentiels du français-en-interaction : considérations théoriques et méthodologiques exemplifiées par une étude de cas consacrée aux verbes et adverbes d’apparence

Jérôme Jacquin

University of Lausanne, Switzerland

Le but principal de cette contribution est de présenter les choix théoriques et méthodologiques d’un projet de recherche de 4 ans, arrivant prochainement à son terme et dont l’objectif est l’étude des marqueurs épistémiques et évidentiels du français tels qu’ils émergent d’un corpus de 28h de données interactionnelles vidéo-enregistrées documentant des débats publics, des débats télévisés et des réunions d’entreprise. En adoptant une perspective sémasiologique et une combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives inspirées par la pragmatique de corpus (e.g. Aijmer 2018; Aijmer and Rühlemann 2014), 4000 tokens ont été annotés aux niveaux morphosyntaxique, interactionnel et multimodal. La robustesse de l’annotation repose sur un guide d’annotation de 50 pages en libre accès (https://zenodo.org/record/7266737), qui explique et exemplifie la procédure et qui a subi différents tests d’accord interannotateurs de manière à atteindre progressivement des scores d’accord allant de « substantiel » à « presque parfait » pour l’ensemble des variables (Cohen 1960; Landis and Koch 1977).

La contribution compte aborder 4 questions spécifiques : (i) l’articulation, au sein du projet de recherche, entre l’épistémique et l’évidentiel dans le domaine sémantique de l’épistémicité (Boye 2012; Stivers et al. 2011) ; (ii) l’élaboration de la liste des lemmes épistémiques et évidentiels retenus ; (iii) l’annotation de facteurs interactionnels tels que la position du marqueur au sein de l’unité de construction du tour, du tour de parole et de la séquence d’actions ; (iv) l’annotation de la multimodalité, en particulier la direction du regard et les gestes cooccurrents.

Chaque question sera exemplifiée au travers d’une étude de cas consacrée à une collection de verbes (et adverbes dans une moindre mesure) d’apparence. Si ces unités ont été largement étudiées en linguistique française, cela a surtout été le cas dans une perspective morphosyntaxique, sémantique ou énonciative et en mobilisant pour l’essentiel des exemples inventés ou fortement décontextualisés (e.g. Bourdin 1986; Nølke 1994; Popârlan 2000; Thuillier 2004; Willems 2011). Ces travaux n’adoptent pas d’approche(s) basée(s) sur corpus et n’abordent pas ces unités en tant que ressources situées (à l’exception, dans une certaine mesure, des travaux de Willems and Blanche-Benveniste 2008, 2014 consacrés aux verbes à rection faible et à leur potentielle fonction de “mitigation”; Caffi 1999).

La présente contribution est complétée par les deux autres conférences qui suivent au sein de la session 05-B et qui sont prises en charge par les deux doctorantes travaillant dans le cadre du projet de recherche collectif. Tandis qu’une thèse se consacre au volet de l’évidentialité (Robin, en préparation), l’autre traite de la modalité épistémique (Keck, en préparation).



2:00pm - 2:30pm

Une étude systématique de la modalité épistémique en français-en-interaction. Quels modes d’expression pour quelle certitude ?

Ana Claudia Keck

Université de Lausanne, Switzerland

« on s` verra (.) probablement pas », « j` suis pas sûr que ce soit le vrai problème », « ah je sais pas avec quoi ils ont commercialisé » présentent des marqueurs considérés comme épistémiques et qui marquent avant tout un certain degré de certitude du locuteur ou de la locutrice vis-à-vis d’un contenu propositionnel. Les exemples cités ont été tirés d’un corpus composé de 28h de débats politiques et de réunions professionnelles vidéo-enregistrées pour un projet de recherche en cours qui propose une étude systématique des marqueurs épistémiques et évidentiels du français dans une approche énonciative, interactionnelle et multimodale. La présente contribution a pour objectif de présenter les résultats généraux de ma recherche doctorale sur les marqueurs épistémiques du français et cherche ainsi (i) à proposer un modèle d’analyse pour la modalité épistémique en français-en-interaction, (ii) à présenter une vue d’ensemble des marqueurs épistémiques tels qu’ils émergent dans le corpus d’interactions spontanées et (iii) à combiner les résultats quantitatifs avec l’analyse qualitative du positionnement épistémique (Heritage 2012) des locuteurs et des locutrices.

Si la modalité épistémique a été amplement étudiée sous de multiples aspects formels (Gosselin 2010), elle a été toutefois peu exploitée sur des données d’interactions spontanées. En effet, les études sur les marqueurs de la modalité épistémique en français se concentrent seulement sur quelques expressions particulières (Pekarek 2016, 2019, 2022 ; Willems & Blanche-Benveniste 2008, Jacquin 2017, Jacquin et al. 2022). Une analyse sur l’ensemble de ces expressions dans un corpus d’interactions orales s’avère donc judicieuse pour comprendre quels sont les marqueurs épistémiques du français et de quelle manière le degré de certitude est mobilisé par le locuteur ou la locutrice dans l’interaction. Cette étude propose ainsi un panorama d’un échantillon composé d’environ 2'000 tokens sur les 5'000 marqueurs épistémiques présents dans notre corpus de données naturelles. Cet échantillon comprend environ 51% de verbes épistémiques (je sais, je crois, j’imagine, etc.), 33% de adverbes épistémiques (probablement, certainement, peut-être, etc.) et 15% relèvent de constructions verbales avec un nom ou un adjectif épistémique (je suis sûr, il est possible, il est clair, etc.). La contribution se concentrera sur deux aspects en particulier, à savoir, le traitement du degré de certitude sur des données massives et les aspects généraux de trois degrés de certitude (le savoir, le doute et le non-savoir).



2:30pm - 3:00pm

« Ouais c'est ce qu'il a dit hier » : distribution et fonctions des marqueurs évidentiels en français-en-interaction

Clotilde Marie Robin

Université de Lausanne

La présente communication se concentre sur les formes, les fonctions et la distribution d’environ 2000 marqueurs évidentiels (i.e. relatifs au marquage de la source du savoir) du français, tels qu’ils émergent dans un corpus de 28h de données naturelles suisses romandes vidéo-enregistrées, documentant deux genres « institutionnels » (Drew & Heritage, 1992) : (i) des débats publics et télévisés (14h ; 2007-2013) abordant divers sujets politiques ; et (ii) des réunions de travail (14h ; 2017-2018).

Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant d’études se sont concentrées sur les fonctions et les effets pragmatiques des marqueurs évidentiels dans l’interaction (e.a. Michael & Nuckolls, 2014 ; Cornillie & Gras, 2020). Au-delà du simple fait d’indiquer explicitement la source de l’information véhiculée dans un énoncé, il a été montré que les marqueurs évidentiels constituent des ressources pour asseoir/moduler la position épistémique des locuteurs (González et al., 2017 ;Grzech et al., 2020). Concernant le français, les marqueurs évidentiels ont été principalement étudiés dans une perspective sémantique et/ou syntaxique, en s’appuyant sur des exemples inventés et/ou décontextualisés. Deux exceptions notables sont les études de Jacquin (2022) sur les marqueurs « tu dis/vous dites » et de Jacquin et al. (2022) sur les verbes d’apparence dans des données naturelles.

Dans le prolongement de ces études, nous proposons une étude quantitative et qualitative de ces marqueurs en contexte. Au total, 1773 tokens évidentiels (correspondant à 114 lemmes) ont été identifiés et annotés (réalisation morphosyntaxique et énonciative, environnement interactionnel/séquentiel et discursif, multimodalité). Les observations quantitatives préliminaires montrent que ces tokens sont plus fréquents dans les débats télévisés (111,4 tokens/heure) que dans les débats publics (55 tokens/heure) et les réunions de travail (51,5 tokens/heure). Dans les trois genres institutionnels, les deux lemmes les plus utilisés sont les verbes « dire » (n=750/1773) et « voir » (n=281/1773). La nette propension à l’emploi du verbe « dire » participe, de manière globale, à un recours massif à la catégorie de l’emprunt pour marquer la source de l’information (64,9%, n=1151/1773), les catégories évidentielles de l’inférence et de la perception relevant d’un usage plus ponctuel.

Sur le plan qualitatif, nous analyserons comment ces marqueurs évidentiels contribuent à la construction interactionnelle de « positions épistémiques » particulières (K+/K-, Heritage & Raymond, 2005 ; Heritage, 2012).

Sur le plan qualitatif, nous analyserons comment ces marqueurs évidentiels contribuent à la construction interactionnelle de « positions épistémiques » particulières (K+/K-, Heritage & Raymond, 2005 ; Heritage, 2012). Ainsi, par l’analyse séquentielle d’une collection d’extraits tirés de notre corpus, nous évaluerons le rôle que peuvent revêtir les marqueurs évidentiels dans l’organisation du savoir-en-interaction.